La garde des sceaux Christiane Taubira a ordonné jeudi qu’« une inspection » soit diligentée après la destruction de scellés dans l’enquête sur l’assassinat du magistrat français Bernard Borrel, retrouvé mort près de Djibouti en 1995.
Magistrat français détaché à Djibouti, Bernard Borrel avait été retrouvé mort le 19 octobre 1995, le corps en partie carbonisé, en contrebas d’un ravin, à 80 kilomètres de Djibouti. L’enquête française, ouverte depuis 1997, a d’abord privilégié la thèse du suicide, avant de se réorienter sur celle d’un assassinat.
La destruction de ces scellés – parmi lesquels figuraient un briquet, une sandale et des bidons d’essence retrouvés sur les lieux – pourrait « compromettre la poursuite de l’enquête » sur cet assassinat, a assuré l’avocat de la famille, Me Olivier Morice. « Ces scellés ont été détruits, les services invoquant le fait qu’un non-lieu a été rendu dans le dossier, ce qui est complètement faux », a relevé Me Morice.
Demande d’analyse par la cour d’appel de Paris
La cour d’appel de Paris avait pourtant demandé en septembre que de nouveaux actes soient effectués notamment l’analyse d’une sandale, d’une trace papillaire sur un briquet et du carburant utilisé pour l’immolation.
L’avocat de la famille a été reçu avec Elisabeth Borrel et ses enfants en fin de matinée par le président du tribunal de grande instance de Paris, Jean-Michel Hayat, et le procureur de la République de Paris, François Molins. « C’est une tentative d’assassinat du dossier qui pourrait compromettre la condamnation des auteurs », a estimé pour sa part Elisabeth Borrel, la veuve du magistrat. Pour elle, l’assassinat de son mari est « un crime d’Etat qui pourrait impliquer l’actuel président djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh », alors chef de cabinet du président Hassan Gouled Aptidon.
L’affaire Borrel a empoisonné pendant des années les relations entre Paris et son ex-colonie, où la France dispose d’une de ses premières bases militaires à l’étranger.