Vendredi 26 janvier 001, découverte des SEEKA(2), des pierres ovales en forme de tablette sur lesquelles étaient gravées les inscriptions de la FEERA dans le vestige des anciens habitats des nomades dans la région d’AOUSSA au sud de l’ETHIOPIE.
Mardi 13 mars 001, vaste opération de recherche des témoignages de cette écriture cursive à travers les objets, la représentation des astres célestes( les étoiles, le soleil, la lune etc…), les différents types de support autre que les Seeka, d’autres sources d’inspiration dans toute la région afar.
Samedi 21 avril 001, étude des GINNI FIRO(3), les inscriptions gravées sur les pierres en tablette. Recours au même système de déchiffrement de l’écriture hiéroglyphique égyptienne sur les différents signes graphiques inscrits sur les pierres
Jeudi 17 mai 001, mise à jour complète de la FEERA, une écriture phonétique qui constitue la base de l’alphabet afar. Regroupement des lettres au nombre de 22 dont 17 consonnes et 5 voyelles ( a, e, o, i, u).
ETUDE DES DONNEES
Les pierres en tablette portaient des inscriptions gravées en deux modes d’écriture que les anciens appellent les GINNI FIRO. En effet, la FEERA est constituée à 80% des traits rectilignes représentant des signes à la fois alphabétiques et syllabiques. Les anciens considèrent donc à première vue que cette écriture aurait pour ancêtre le FIRO ou FIIRO qui veut dire littéralement des tracés. Il s’agit de deux écritures juxtaposées l’une après l’autre.
La première est constituée des pictogrammes et la seconde, plus cursive, représente des signes phonétiques. Cette écriture a des ressemblances graphiques, mais aussi phonétiques avec l’écriture hiéroglyphique et hiératique égyptienne. On suppose donc, qu’au vu de ces similitudes et de l’évolution graphique de la FEERA vers une écriture plus simple et plus rapide, cette dernière aurait pour ascendant l’écriture égyptienne. Dés lors, à partir de là, on peut établir un lien de filiation entre ces deux écritures.
Ces signes, dans un premier temps, sont figuratifs ; un pictogramme désigne l’objet qu’il représente dans sa forme plus ou moins réelle et originale. Une écriture figurative ne peut pas en soi exprimer des abstractions, c’est pourquoi donc les anciens ont eu avec le temps l’ingéniosité de la transcrire en signes sons pour pouvoir mettre à l’écrit les sentiments, les émotions, mais surtout les convictions religieuses. Pour cela, les Kaatib ont utilisé délibérément sur les Seeka des redondances des signes sons parallèlement aux pictogrammes, c’est à dire, on procédant à une transcription plus ou moins directe des signes images aux signes sons. Ce c’est qui à rendu facile aux chercheurs la tache du déchiffrement.
Pour pouvoir procéder au déchiffrement, on a établit d’abords une liste de correspondance entre les hiéroglyphes égyptiens et les inscriptions gravées sur les pierres en tablette. Cependant, il n’y avait pas véritablement une réelle correspondance entre les signes relevés sur les pierres et les hiéroglyphes égyptiens. Les objets, les astres ou les êtres vivants figurant sur les Seeka ne sont pas tous répertoriés dans les hiéroglyphes égyptiens ou ils sont représentés différemment. Néanmoins, il s’agit à la base d’un même procédé d’écriture, c’est à dire, à la fois des pictogrammes, des idéogrammes et des signes sons. Les premiers signes sont constitués des pictogrammes. Ces signes sont linéarisés :
La première ligne commence par 3 traits verticaux juxtaposés les uns après les autres. Ensuite, 2 signes représentants 2 étoiles, un signe représentant un croissant de lune et un cercle représentant le soleil. La suite des signes inscrits sur ce même ligne correspond à une écriture phonétique. Il n’y a pas un blanc d’espacement entre ces deux écritures. La seconde écriture correspond à une évolution graphique des pictogrammes ou des idéogrammes vers une écriture à la fois alphabétique et syllabique. Il s’agit donc d’une redondance voulue volontairement par les « kaatib » pour pouvoir les lire dans deux formes d’écriture. C’est pourquoi, la volonté de transcrire dans deux formes d’écriture différentes graphiquement s’explique nécessairement par le contexte historique, politique, économique et social de la région.
La seconde ligne est beaucoup plus significative. Elle commence par un signe représentant une « OULLA », l’accouchée. Dans la coutume afar, une femme qui a accouché n’a pas le même statut social que les autres. Elle bénéficie de tous les privilèges et est comblée des toutes les affections matérielles et morales. Ce signe se rapproche de la représentation d’un être humain en hiéroglyphes égyptiens. Le second signe est asymétrique au précédent, mais sa taille est beaucoup plus petite. Il s’agit donc de la représentation pictographique d’un enfant ; ce qui laisse supposer que le sexe ou l’age d’un enfant est représenté par un même signe sans distinction graphique. Le troisième signe représente un dromadaire avec sa monture et enfin le dernier signe représente un homme avec un bâton sur les épaules qui doit être éventuellement le chamelier.
La première ligne constitue un système de datation de cette époque. Les trois traits verticaux représentent le chiffre 3 et il s’écrit en écriture phonétique « SIDAHNA » ou « SIDACNA » qui signifie littéralement le troisième jour de la semaine, c’est à dire le MARDI(4) du calendrier latin. Ensuite, les deux étoiles signifient que l’enfant est né entre l’intermittence de deux étoiles. Les anciens nomades afars lisaient dans les étoiles les présages pour les nouveaux nés afin de prédire leurs positions et leurs rangs au sein de la société. Il en va de même pour le bien être de la tribu, le cheptel, les saisons de pluie etc.… Aussi, les étoiles sont des points de repaires pour les nomades qui sont constamment confrontés au déplacement saisonnier des campements. Leurs transcriptions sont reprises en écriture phonétique « LAMMA ( fana ) HOUTOUKA » ou « LAMMA ( fana ) CUTUUKA »(5) . Cela signifie que l’enfant est né entre l’intermittence des deux étoiles. La lune est un astre sacré chez les Afars. Elle est à la fois vénérée pour ses vertus guérisseurs et redoutée parce qu’elle est considérée, dans les us et coutumes locales, qu’elle est à l’origine de certaines maladies psychosomatiques et autres. Le pictogramme sur les Seeka représente un croissant de lune et on peut considérer dans un premier temps qu’elle soit gravée pour des raisons des croyances pour éloigner du nouveau-né ses effets négatifs. Cependant, sa véritable signification ne peut être, si l’on raisonne au sens de la logique et de la cohérence par rapport aux signes précédents, qu’un moyen de datation de la naissance de l’enfant parmi tant d’autres signes. En ce sens, la lune ou ses différentes phases représentent le «mois » de l’année. Elle se lit en écriture phonétique « ALSA ( k ) BILO » qui signifie le premier jour du mois. Cependant, tous les enfants qui sont nés pendant cette période du croissant de lune sont réputés être nés le même jour et cela se perpétue jusqu’aujourd’hui dans la coutume afar. Enfin, le soleil est représenté par un cercle rond. La valeur de l’année est limitée chez les afars en fonction de la saison de pluie. Une année ne représente pas forcement 12 mois et donc son appréciation est relative selon la régularité des saisons de pluie. Sa transcription directe en Feera se lit « AYRO ( oy ) LIGGIDA » qui signifie littéralement le « soleil et l’année ». Le terme AYRO, par extension, désigne aussi le jour et les Kaatib ont rajouté le mot LIGGIDA pour désigner l’année afin d’écarter toute incertitude.
Les signes de la ligne suivante représentent des scènes de la vie quotidienne, mais sa signification est symbolique pour ne pas dire sacrée. Le terme « OULLA » est une désignation sociale portée par les femmes qui ont accouchées pour les distinguer des autres femmes dans la société. Elle est représentée par un signe figuratif reprenant plus ou moins le trait d’un être humain et les signes phonétiques se lisent « OULLA » ou « ULLA ». Ensuite, l’enfant est représenté par le même signe, mais de taille beaucoup plus petite que ce dernier. Les signes phonétiques représentant l’enfant se lisent « BADA » ou « BAXA ». Il est, en outre, difficile de faire une réelle distinction par l’écriture entre un « garçon » et une « fille » qui s’écrivent tous avec les mêmes signes phonétiques ; les nuances n’étant perceptibles qu’au niveau des sons émis, la confusion reste à ce jour non résolue au niveau de l’écriture. Le pictogramme suivant représente un dromadaire avec sa monture en forme de X que les afars appellent communément « Anabo » ou « Qanaabo ». Sa représentation fait allusion par extension aux marchandises, désignées en écriture symbolique par le mot « ARI » ou « QARI » suivi par l’auxiliaire avoir « LEW ». Enfin, l’homme avec le bâton sur les épaules représente le chamelier ; sa désignation n’est pas transcrite en écriture symbolique, mais il s’agit d’un idéogramme conçu pour désigner le tout, c’est à dire, la caravane « ARHO ». Ces signes sont symboliques car ils constituent à la base une formule d’une expression très populaire perpétuée par l’oral dans la coutume afare pendant les évènements, les cérémonies religieuses etc.…et ce c’est qui a d’ailleurs facilité aux chercheurs la tache du déchiffrement en contribution avec les signes sons. On note dans la première partie « ULLA », « BAXA » et dans la seconde « QARI », « LEW », « ARHO ». On constate qu’il existe un agencement logique entre ces signes qui donne à la formule un sens précis qui se situe dans le cadre d’un événement précis et dans des circonstances précises. Ainsi, les anciens ont restitué le morceau manquant du puzzle de la célèbre expression. Les signes sons qui ont été déchiffrés auparavant ont contribué largement à sa lecture. Elle avait une connotation religieuse :
“ ULLA ( H ) BAXA ( I ) ( YASALAMAY )”
“ QARI ( LEW ) ARHO ( TASALAMAY )”
« QUE L’ENFANT NAISSE SAIN ET SAUF »
« QUE LA CARAVANE RENTRE SAINE ET SAUVE DE SON VOYAGE »
Cependant, la version ancienne de cette expression au passé millénaire est la suivante :
« BOUDA ( L ) OULLA [ TASALAMAY ] »
« GITA ( L ) ARHO [ TASALAMAY ] »
« QUE LA FEMME ENCEINTE ACCOUCHE SAINE ET SAUVE »
« QUE LA CARAVANE RENTRE SAINE ET SAUVE DE SON VOYAGE »
AUTRES SOURCES DE DECOUVERTES
Les spécialistes de l’écriture ont relevé, dans le cadre de la recherche, des signes apparentés à la FEERA comme ceux inscrits sur les Seeka, tatouées sur la joue, le front, les cils, les bras, la poitrine, le ventre et le dos des nomades afars. On a observé des similitudes entre le « HADDA »(6) ou le « HAXXA » que portent généralement les femmes sur les joues et la lettre M, sur le front les lettres B ou I, la lettre X sur le menton ( Debne Hadda ), les lettres Y, W, D sur le dos et la poitrine.
La lettre N reproduit dans sa configuration l’image d’un bâton symbolique porté par une catégorie des gens, MAKABAN, qui détiennent le pouvoir dans une société régie par des lois traditionnelles, le MADAA ou MADQA.
On trouve aussi dans les jeux individuels ou collectifs comme le KOULA HABE la reproduction des certains signes figuratifs et la représentation des objets tels qu’ils sont gravés sur les Seeka.
Il existe aussi d’autres figures sur les objets de ménage : le AYNI, KORA, FIDIMA etc.. En revanche, la plupart des autres signes se rapprochent au niveau de la graphie de l’écriture hiératique égyptienne, même si ces signes ne correspondent pas forcement aux même sons. Il en est ainsi pour les lettres E, G, H. La lettre X est une représentation d’un tombeau en forme conique afar, le WAYDAL qui correspond à la configuration géométrique d’une pyramide nubienne ou égyptienne. Les femmes portent des colliers et des boucles d’oreilles en forme pyramidale.
HISTORIQUE
Situation géographique : 1.100.000 km2, située dans la corne de l’Afrique, limitrophe avec le Soudan, Kenya, Djibouti, Somalie et Erythrée
Capitale : Addis Abeba
Population : 58 millions d’habitants
Langues : Prés de 290 langues. Langues principales parlées : Amharique, Galligna, Oromo, Afaraf, Tigrinya, Somali, Welamo. L’Amharique a perdu son statut officiel pour devenir la langue de travail du gouvernement central.
Religions : 45% musulmans, 40% chrétiens à majorité orthodoxe.
Les Afars sont des semi-nomades qui vivent dans trois pays : l’Ethiopie, l’Erythrée et Djibouti. La population est aujourd’hui largement sédentarisée et alphabétisée. Ils sont repartis sur un espace géographique triangulaire appelé « le triangle des Afars » et la notion de frontière est mal connue par la population.
La langue afar appartient à la famille linguistique couchitique(7). La civilisation afar trouve son origine dans l’ancienne civilisation couchitique. D’origine Shite, mais avec un patronyme sémite, Les Afars ont, au cours de leur migration pour des raisons politiques et sociales vers leurs habitats actuels, adopté la langue et la culture couchitique. Le royaume afar était considéré, déjà 2000 ans avant Jésus-Christ sous le règne du roi PEPI, troisième souverain de la sixième dynastie de Pharaons égyptiens, comme l’un des plus grands royaumes de l’Afrique du Nord. Au huitième siècle après Jésus-Christ, l’islam est venu avec les premiers immigrants arabes.
Depuis la chute du « DERG »(8) , l’Ethiopie est devenue un pays fédéral. La région afar s’étend de la vallée d’Awash au nord à 100 km de la capitale à Aoussa au sud de l’Ethiopie. Les vestiges de campements et les premiers outils lithiques datés de -2.63 MA ont été trouvés pour la première fois dans les sites de KADA HADAR dans cette même région. Aussi, le crâne fossilisé de la célèbre LUCY AFARENSUS (9) a été découvert dans cette même région.
Il en ainsi pour les Seeka sur lesquels ont été gravés les Ginni Firo découverts dans les vestiges des anciens campements des nomades. A l’origine, on suppose l’apparition de la FEERA à partir de -650 avant Jésus-Christ. Elle est considérée comme le prolongement de l’écriture hiératique nubienne ou égyptienne. Les caractères pictographiques évoluèrent rapidement vers des formes abstraites et phonétiques. On pense donc que la FEERA est une tracée plus rapide et plus simple des signes hiéroglyphiques nubiens ou égyptiens. Il y’avait 24 signes unilitères dans l’égyptien qui constituaient l’alphabet de base. On suppose donc que la Feera est évolution graphique de ces signes unilitères.
REGLES DE SYNTAXE ET DE GRAMMAIRE
Par convention les voyelles existent, mais la lettre A ne se prononce entre les consonnes qu’à quelques exceptions prés seulement car elle est fréquente dans la langue afar. Il incombe donc au lecteur de vocaliser le sens des mots. La voyelle « a » est une « motion » car elle meuve phonétiquement les consonnes vers le son « a ».
Si dans un mot deux consonnes sont entre les voyelles « a », le premier est neutre, mais le second est valide. Exemple, « SARTAN » s’écrit « SRTAN ».
La dernière lettre (voyelle ou consonne) d’un mot est neutre. Exemple, AYRA s’écrit et se prononce AYRA, MALAB s écrit et se prononce M(a)L(a)B et non M(a)L(a)B(a).
Si le premier syllabe d’un mot commençant par une consonne contient un GIITO c’est à dire un dédoublement d’une même lettre, exemple « aa », cette consonne porte au-dessus un tirait horizontal ou à coté un tirait vertical toujours sur la droite. Exemple, MAAGIDA s’écrit M(1)(a)GIDA(10).
Les pictogrammes relevés sur les Seeka ne sont pas gravés dans un souci d’esthétique. Il n’existe pas non plus un souci de calibrage entre les différents signes. Leurs tailles sont disproportionnées les unes des autres.
L’orientation de la lecture est indiquée la position des regards des êtres vivants ou des objets.
Sens de lecture : Droite à gauche
Gauche à droite
Deux éléments de base : Ecriture alphabétique
Ecriture syllabique
Orientation des recherches vers une filiation afro-égyptienne au niveau de la langue, les coutumes ( référence à Cheikh Anta Diop ). Etude de l’origine africaine de l’humanité ( référence à Lucy Afarensus découvert dans la dépression afar ), l’origine noire de la civilisation égypto-nubienne( le pays de KOUSH ), l’origine du monde couchitique et sémitique etc.…. Etude et observation d’une parenté linguistique entre la langue afar et l’ancien égyptien.
Ecriture fonctionnelle, simple et rapide. Tout le monde n’avait pas les privilèges d’avoir à sa portée la connaissance de cette écriture et c’est la raison pour laquelle elle avait disparu comme la plupart des autres écritures dans le monde. Seule, une catégorie des gens, les kaatib, avaient accès à l’art de l’écriture.
MELKA WERER RESEARSH CENTER
(1) Feera signifie le « doigt » de la main. Par extension, le doigt fait allusion à l’écriture dans la langue afar
(2) Seeka veut dire littéralement les « saints » en afar. Ces sont des pierres en tablettes que les anciens, dont la vie sociale et religieuse était teintée des croyances animistes, adoraient et les enduisaient du beurre en signe de vénération
(3) Ginni Firo signifie les « tracés du diable ». Les Afars croyaient que les scènes rupestres, les gravures sur les rochers etc…étaient l’œuvre du diable
(4) « SIDAHNA » ou « SIDACNA » correspond à MARDI. On peut donc établir à partir de là les noms des jours de toute la semaine : SIDACNA, FERA, KONA, LIHA, MALCINU, ENEKNA, LAMAXA qui correspondent respectivement à MARDI, MERCREDI, JEUDI, VENDREDI, SAMEDI, DIMANCHE et LUNDI
(5) Les mots en majuscules mis entre guillemets se prononcent d’abords en phonétique latine, ensuite en phonétique afar : « LAMMA ( fana ) HOUTOUKA » se prononce en phonétique latine et « LAMMA ( fana ) CUTUUKA » en phonétique afar
(6) Hadda sont des signes et des figures géométriques tatoués sur les corps des hommes et des femmes afars
(7) Couchitique : de KOUSH, fils de CHAM dont les descendants auraient habité le sud de l’Egypte
(8) Derg : ancienne dictature militaire du Général Mengistu Haile Maryam
(9) Fossile d’hominidé Australopithèque vieux de 3 millions d’années découvert en 1974 en Ethiopie dans la dépression afar
(10) Le (1) dans le mot MAAGIDA représente un tirait vertical. Seules les lettres M et W portent un tirait vertical